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Un nouveau musée distille ses parfums à Paris...
3-5, Square de l'Opéra Louis Jouvet (Paris 9ᵉ)
Ouvert depuis mi-septembre 2015
Le nouveau musée du Parfum vient de s'installer dans un quartier où se trouvait l'Eden Théâtre qui fut jusqu'à la fin du XIXᵉ siècle un haut lieu de fêtes et de loisirs parisiens. Un des salons de l'Eden théâtre fut détruit pour devenir la Comédie Parisienne - aujourd'hui connu sous le nom de Théâtre de l'Athénée - un jardin d'hiver et des galeries.
L'Eden Théâtre au XIXᵉ siècle et Le Théâtre de l'Athénée aujourd'hui
Puis quelques années plus tard, de 1894 à 1896, les lieux ont été occupés par un manège vélocipédique où pour une dizaine de francs on pouvait apprendre sur des pistes bien cirées à faire de la bicyclette, l'invention de la Belle Époque qui faisait fureur.
Affiche du vélodrome
C'est en 1896 que s'installe au 5 rue Boudreau à Paris, le célèbre fabricant de meubles anglais Maple & Co qui transforme le bâtiment en un immense showroom où les visiteurs peuvent découvrir pour la première fois des salons complets en chambres à coucher...
Aujourd'hui, au cœur de Paris, à deux pas de l'Opéra Garnier, la maison des parfums Fragonard en s'installant dans ces murs chargés d'histoire, leur offre un nouveau souffle.
Ce musée permet de découvrir l'univers du parfum et son histoire de l'époque égyptienne a nos jours. Ce ne sont pas moins de 300 objets d'art liés à l'histoire et aux modes du parfum - alambics en cuivre, cuves de macération, bocaux de pharmacie et flacons ouvragés, pomanders, pots à mouches, brûle-parfum, boîtes de senteur - provenant de la collection de la famille Costa à la tête de la marque de parfumerie, qui sont exposés dans cet espace de 1.200 m² qui a nécessité un an de chantier. C'est le quatrième musée ouvert par la maison Fragonard, mais celui-ci est plus grand et sa scénographie serait la plus aboutie. Deux autres, plus anciens, se trouvent également dans le quartier de l'Opéra à Paris, un troisième se situe à Grasse.
La visite guidée nous amène par un escalier au sous-sol. Au centre d'une grande salle trône une énorme cuve en cuivre, entourée d'une collection d'anciens alambics. Aux murs, des écrans montrent en boucle des vidéos alternant images d'archives et images actuelles sur les différentes étapes de la fabrication des parfums - de la cueillette des fleurs au conditionnement en passant par l'extraction par solvants volatils, la distillation à la vapeur, la macération, l'enfleurage à froid ou à chaud,...
Les archéologues ont estimé que l'intérêt de l'homme pour le per fumum (par la fumée) remonterait au moins au 3ᵉ millénaire avant Jésus-Christ.
Dans l'Antiquité, le parfum était utilisé pour communiquer avec les dieux ou pour embaumer les morts lors des rites funéraires comme en Égypte par exemple.
Au Moyen-Âge ce sont leurs vertus médicinales qui prévalent. Notre hôtesse nous explique que les gens portaient des pomanders ou des bijoux contenant de l'ambre croyant que leurs odeurs les protégeaient des maladies.
De la Renaissance au Siècle des Lumières, les gens, pensant que l'eau était porteuse de maladies, se lavaient peu voire rarement, aussi les parfums puissants basés généralement sur les senteurs animales (ambre, civette, muscs) permettaient-ils de masquer les mauvaises odeurs dues à ce manque d'hygiène.
La mode à partir du XVIIᵉ siècle, sous Louis XIV, est de parfumer les salons avec des brûle-parfum en bronze et des pots-pourris. "C'était à qui avait la meilleure signature olfactive, dans des objets magnifiques", commente notre guide.
Au XVIIIᵉ siècle, au parfum remède succède le "parfum plaisir" pour soi-même et le "parfum séduction" pour plaire aux autres avec des senteurs plus subtiles issues des plantes et plus particulièrement des fleurs (violette, lavande, romarin,…).
Pour contenir ces parfums de nouveaux flacons vont naître de la créativité sans limite des verriers, porcelainiers et orfèvres. Ainsi les flacons en verre soufflé, en cristal taillé de couleur, en lapis-lazuli, en agate, en émail, en porcelaine,…deviennent de véritables œuvres d'art, avec des formes peu conventionnelles, avec des effigies ou sertis de pierres précieuses, de perles,... Notre guide nous précise que le parfum devient un symbole de richesse, il doit donc être exhibé.
A partir du XIXᵉ siècle, la notion de marketing fait son apparition avec des flacons de plus en plus étudiés, la publicité se développe avec des affiches pleines d'imagination.
Au XXᵉ siècle, les parfums deviennent "couture", avec l'alliance du trio parfumeur-verrier-couturier. Ce sont les années qui voient naître "l'Art Nouveau" puis plus tard "l'Art déco".
Le vocabulaire de la profession s'inspire directement de la musique, au moment de composer avec les "notes aromatiques" les parfums qui devront correspondre à leur époque et plaire aux consommateurs.
Un "orgue à parfums" est présenté avec une centaine de flacons contenant différentes essences nécessaires au "nez" pour composer ses parfums tout en restant attentif aux trois temps fondamentaux de la "pyramide olfactive" que sont la "note de tête", la "note de cœur" et la "note de fond".
A côté de cet "orgue à parfums", se trouve un bureau de parfumeur contemporain, avec un écran d'ordinateur, des touches à sentir et des flacons d'essais de laboratoire: "Aujourd'hui, les parfumeurs travaillent avec un ordinateur, ils ne mélangent plus les fioles, leur nez est en mémoire dans leur tête", explique notre guide. Un bon "nez" peut mémoriser une centaine d'odeurs primaires pour imaginer des assemblages spécifiques.
Les matières premières d'origine végétale ou animale sont complétées aujourd'hui par des produits de synthèse. Par exemple, les matières premières d'origines animales comme l'ambre gris (cachalot), le musc (chevrotin), la civette (un mammifère proche du chat sauvage) et le castoréum (castor), sont remplacées par des produits de synthèse permettant ainsi de préserver les espèces. Cette diversification permet de multiplier les odeurs et de mieux les stabiliser tout en respectant les nouvelles contraintes écologiques.
Après avoir traversé une salle présentant une collection d'étiquettes et une fresque de la maison Fragonard, nous nous retrouvons dans la boutique Fragonard.
La finalité de cette visite guidée gratuite du musée est bien-sûr de nous inciter à acheter (sans obligation) un (des) produit(s) de la Maison Fragonard : Parfums, eaux de parfum, eaux de toilette, savons, etc... sont proposés à prix d'usine (basée à Grasse) sachant qu'ils ne sont impactés par aucun frais de publicité (affichage, presse ou télévision) ni par des coûts de marketing qui sont réduits du fait que tous les flacons en aluminium ont le même design très épuré, seules les étiquettes changent.
Étoile : Naturel, aux senteurs de citron, pomme, gingembre, gardénia, muguet, jasmin, bois de cèdre, ambre et muscs.
Belle de nuit : Fleuri, aux senteurs de mirabilis, violette, géranium, rose, prune, muscs et bois.
Belle chérie : Fleuri, aux senteurs de mandarine, carambole,jasmin,héliotrope, muguet, fève, tonka, vanille.
Fragonard : Fleuri, aux senteurs de petit grain, lys, chèvrefeuille, jasmin, bois, ambre, muscs.
Diamant : Oriental, aux senteurs de mandarine, orange, rose, jasmin, prune, caramel, patchouli, muscs.
J'ai trouvé cette visite guidée gratuite, d'une heure environ, très intéressante et instructive, l'hôtesse connaissait bien son sujet et répondait avec aisance aux questions des visiteurs.
Cependant j'ai regretté qu'il soit interdit de prendre quelques photos (sauf celles de l'entrée) et qu'on ne nous ait pas laissé plus de temps pour regarder tranquillement les nombreux objets exposés.
Musée du Parfum
3-5, Square de l'Opéra Louis Jouvet
75009 PARIS
Tél : 01.40.06.10.09
http://www.fragonard.com
http://nouveaumuseefragonard.com/
Les parfumeurs représentent la structure des parfums avec une pyramide constituée de toutes les familles olfactives. Bien sur, dans nos jardins les fleurs restituent différentes notes mêlées qui en font le parfum unique qui les caractérise.
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