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Chaumont-sur-Loire et sa collection de jardins extraordinaires
Domaine de Chaumont-sur-Loire (41)
Pour cette nouvelle édition, le Festival International des Jardins a invité les concepteurs et paysagistes - sélectionnés cette année par un jury présidé par le botaniste Patrick BLANC parmi 300 candidatures - à imaginer les 26 projets les plus étonnants autour de la thématique «Jardins extraordinaires, jardins de collection». Les créateurs de ces jardins éphémères viennent du monde entier, des Pays-bas jusqu'en Afrique du Sud en passant par l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre, la Suisse et bien sûr la France.
Bernard Faivre D'Arcier, Chantal Colleu-Dumond, André Eve et Patrick Blanc
Inauguration du Festival le 8 mai 2015 (Crédit photo : Pierre Labat (Paz ThePirate)
Collectionner, vous en conviendrez, c'est être inévitablement animé par une passion parfois envahissante, voire même dévorante. On a de cesse d'augmenter ses collections avec de nouvelles acquisitions, de nouvelles trouvailles, la dernière création,... Les raretés quand elles se présentent, ajoutent du piquant ! C'est comme une drogue, une quête sans fin car une collection n'est en réalité jamais terminée.
Ce sont donc des jardins extraordinaires, des jardins de collectionneurs, des cabinets de curiosités végétales que l'édition 2015 du Festival International des Jardins nous propose cette année. Au fil de la visite, vous allez découvrir des plantes carnivores, des galeries de graines, vous monterez à bord d'une arche de Noé destinée à sauver le monde végétal, vous pénétrerez dans le monde des teinturiers, vous partirez en Afrique, plus loin vous flânerez dans une forêt abritant une cinquantaine de mousses différentes,...
Vous resterez - je n'en doute pas - en admiration, assis sur un banc, devant un remarquable jardin-tableau - "Nuances" - installé dans un musée à ciel ouvert - à mon avis la pièce maitresse de ce Festival 2015.
Personnellement, je trouve ce millésime 2015 particulièrement réussi, plus intéressant et séduisant que jamais !
Découvrez cette 24ᵉᵐᵉ édition du Festival
Pour vous aider à décoder et mieux interpréter les concepts des 26 jardins du Festival,
j'ai retranscrit les explications fournies sur le panonceau à l'entrée de chaque jardin.
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Repère du festival : Les tourbières offrent un milieu d’une biodiversité étonnante, au sein duquel se développent parfois des plantes capables d’attirer, de capturer et de digérer des animaux. Au sein de ces milieux pauvres en éléments minéraux, ces végétaux singuliers ont développé de subtils pièges afin de capturer de petits animaux et devenir ainsi des plantes carnivores !
Observées pour la première fois au XVIIIᵉᵐᵉ siècle par le naturaliste John Ellis, les plantes carnivores furent également étudiées par Darwin qui révéla ce « monde à l’envers, où le végétal mange l’animal ». On en compte aujourd’hui plus de 550 espèces dans le monde.
Ce jardin carnivore nous fait découvrir ces êtres rares à approcher avec précaution : les mâchoires de la Dionée, les pièges à glue des Droseras ou encore les urnes des Sarracenias. Un patio met en lumière une riche tourbière au centre du jardin, évoquant le milieu naturel de ces végétaux, tandis que ces derniers sont exposés tels des oeuvres d’art dans un jardin des curiosités.
Repère du festival : Ce jardin est une ode à tous ceux qui, depuis la nuit des temps, ont exploré le monde des plantes : les chasseurs de plantes. Ce sont eux les véritables collectionneurs. Ils n’étaient pas seulement des botanistes, ils étaient aussi des aventuriers et des explorateurs. Ils ont survécu aux naufrages et à l’esclavage, combattu les pirates, échappé aux brigands et ont résisté à l’hostilité des autochtones. Ils ont passé des mois et des mois en mer pour gagner des contrées encore inconnues, des îles peuplées de tribus sauvages et d’animaux dangereux, repaires de maladies exotiques, risquant leur vie dans le seul but de découvrir une plante inconnue, à rapporter en Europe et à intégrer à une collection extraordinaire telle que le Kew Garden. Certains de ces chasseurs de plantes sont à relier à des légendes tel Charles Darwin, le naturaliste du grand explorateur James Cook, qui a voyagé aux côtés de Sir Joseph Banks, l’un de ces chasseurs de plantes.
Le jardin des chasseurs de plantes recrée le monde passionnant et aventureux que les chasseurs de plantes ont sillonné, à la recherche de plantes encore inconnues et offre à voir :
- un paysage extraordinaire : le sol de la parcelle est en fait une surface irrégulière parsemée de plantes qui renvoit aux différents paysages que ces chasseurs ont pu contempler à travers le monde. La plupart des plantes présentes dans le jardin ont été introduites aux XVIIᵉᵐᵉ et XVIIIᵉᵐᵉ siècles.
- des serres : au beau milieu de cet étonnant monde végétal, trois serres symbolisent la présence de l’homme dans le paysage intact. Objets exquis, elles sont installées dans le jardin et racontent l’histoire de ces pionniers des plantes.
- l’exploration : les visiteurs sont invités à ressentir ce qu’ont pu ressentir les vrais chasseurs de plantes en découvrant un nouveau monde.
Repère du festival : Ce jardin propose un voyage traversant les époques et les continents, sur les pas du récit de l’arche de Noé. Le périple de cette collection vivante face à la montée des eaux a de tout temps fasciné pour son caractère surnaturel, épique et miraculeux.
Face à un nouveau déluge, le cœur de Noé penche aujourd’hui pour le vert... Inspiré par Carl Von Linné, le plus célèbre des botanistes, il décide de sauver du déluge la splendeur végétale et propose en son arche sa plus belle collection de plantes.
En pénétrant dans la parcelle, on se fraye un chemin à travers les caisses débordantes de plantes prêtes à être chargées. Très vite, l’Arche s’impose à la vue et invite à embarquer pour son dernier voyage. Au cœur de ce véritable coffret à bijoux, on découvre les pépites végétales de cinq habitats que le collectionneur a soigneusement disposées dans des écrins de bois pour affronter les affres de la tempête. Nichée dans cette profusion de plantes, une porte de sortie laisse entrevoir la fin du déluge. La marée a emporté avec elle toute forme de vie. Tandis que l’on regagne la terre ferme, la précieuse cargaison de l’Arche s’en va reconquérir cette terre inerte à bord de radeaux végétalisés.
Repère du festival : Il y a mille façons d’observer une peinture, car chaque regard est unique. L’émotion et la culture de chacun font de chaque tableau une pièce unique.
Ce tableau pièce unique et de collection est un objet de curiosité, jardin simple et de nuances, lieu de contemplation. Une pièce de musée à ciel ouvert.
Du rêve à la contemplation, du profond au léger, les pensées éthérées se fondent dans ce tableau emporté par le flot des nuances végétales bleutées. Le mouvement de l’onde bleue traverse les âmes et apaise face à un océan de pensées agitées.
Ce plongeon dans cette mer de bleus est une invitation à un voyage intérieur. La contemplation agit comme un baume, le bleu, une introspection personnelle, une méditation.
Cette composition nous mène dans un voyage source de sagesse et de sérénité, au plus profond de nos âmes, ces bleus ouvrent des horizons insoupçonnés, un nouveau regard vers l’avenir, un nouveau regard intérieur.
Repère du festival : La joaillerie est un monde à part, fait de mystère et d’élégance. Une curiosité inaccessible, sauf pour celui qui en détient la clé. Pour créer une gamme complète, le joaillier puise son inspiration dans le monde qui l’entoure.
Le jardin noir, un lieu tenu secret, ouvre ses portes le temps d’une visite. Son propriétaire, fin collectionneur, issu du monde de la joaillerie, est passionné par le règne végétal.
Derrière de sombres feuillages, les plus belles seront montrées par des artifices manufacturés. Le travail manuel au service de la plante : l’exception d’une “black collection” aussi précieuse qu’un joyau. Le jardin assemble un univers particulier fait de noir et d’or. Le végétal n’est plus seulement une source d’inspiration, il devient la muse unique d’un créateur. Le joaillier est obsédé par le noir, en quête perpétuelle de la fleur rare, à l’instar d’une pierre.
Tout est pensé, pour que le spectateur puisse s’émerveiller devant une pureté noire, le noir avec ses reflets bleus, bruns, rouges, sa texture veloutée, épineuse et luisante. Les plantes se dévoilent avec subtilité et délicatesse, le tout ponctué par des touches dorées.
Repère du festival : Ce jardin est un hommage à la splendide diversité des pélargoniums. Le Bird Dancer, le Purple Gypsy, l’Angeleye’s Orange, l’Ade’s Elf et les 97 autres variétés de pélargoniums réunies dans ce jardin vous invitent à flâner en découvrant toute la diversité de leurs fleurs, des formes de leurs feuilles, de leurs parfums, de leurs textures et de leurs couleurs.
Il convient de fermer les yeux et de plonger le visage dans un filicifolium. Imaginez un conte de fée inspiré par le Meadowside Midnight, et observez de près les fleurs du Lotusland. Laissez-vous surprendre par le parfum inhabituel du Cola Bottles ou du Chocolate Peppermint et laissez-vous envoûter par le Vaudou. Voilà qui devrait laisser à court d’arguments tous ceux qui pensaient que les pélargoniums étaient banals, démodés, et réservés aux ménagères sans imagination.
Vivent les pélargoniums !
Repère du festival : Ce jardin célèbre l’un des plaisirs les plus simples de la vie : partager un repas.
Il recrée le paysage d'une garden-party, dont la principale caractéristique est une grande table, entourée d'une prairie de fleurs sauvages et décorée de lampions au design étrange.
Quand on regarde de plus près ces lumières, on réalise que l’on a à faire à des plantes carnivores de la famille des Nepenthacées, qui nous ont rejoints pour le repas...
La grande table présente une collection de variétés de fruits et légumes extraordinaires. La plupart appartiennent à des espèces anciennes, produites par pollinisation et donc peu connues, car inadaptées à l'agriculture à grande échelle. Leurs graines ont été cultivées avec soin, et transmises d'une génération à l’autre comme des biens précieux pour leur goût, leur couleur, leurs propriétés médicinales ou leur faculté d'adaptation.
Ces tomates noires, poivrons pourpres, choux-fleurs violets, aubergines blanches, blettes suisses rose fushia, « épinards » grimpants, entourés de fleurs et d’herbes aux textures et formes variées, sont aussi surprenants que familiers.
Au jardin « À table ! », chacun a de quoi se nourrir. Les espèces comestibles que l’on y trouve se sont régalées des riches substances nutritives du « jardin lasagna », où sont compostés les déchets organiques. Le système « olla », des pots d'argile remplis d'eau et enterrés dans le sol, assure l’irrigation des plants. D'autres pots constituent un lieu d'incubation pour la nourriture favorite des plantes carnivores, les moustiques. Quant à nous, les humains, nous goûtons les fruits, fleurs et végétaux au goût intense et nous humons avec délice le parfum des fraises sauvages et des variétés de plantes herbacées. Nous dévorons des yeux les couleurs et textures extraordinaires de la famille des choux.
Repère du festival : Reprenant l’histoire extraordinaire des jardins suspendus de Babylone, ce jardin interroge sur l’évolution climatique de notre planète, ses conséquences sur le monde végétal et son appréhension par l’homme. Oasis perdue dans le désert, les plateformes suspendues de ce jardin flottent au dessus d’une mer de sable rongeant petit à petit son existence même. La collection dans ce contexte relève d’un acte de sauvegarde, de survie même où chaque plante conservée devient extraordinaire de par sa rareté à venir. C’est donc une invitation à entrer dans un mirage que propose le jardin, un voyage extraordinaire et apaisant, propice à la contemplation...
Dans une structure labyrinthique d’étagères et de tasseaux, s’entassent bocaux, jarres, dames jeannes et autres récipients, recelant des plantes ayant trouvé une autonomie dans leur réservoir de verre. Ces plantes aux formes étonnantes survivent sans intervention humaine. Autour de cette collection, une jungle de plantes grimpantes et retombantes envahit la construction, atténuant progressivement la trace de l’homme ne laissant apparaître que la multiplicité des espèces et l’éclat de la collection.
Le jardin des Jardins Botaniques de France et des pays francophones
Repère du festival : Ce jardin présente une collection de plantes diversifiée, représentative des jardins botaniques, mais aussi une collection de graines, ainsi que des sculptures en bois de graines agrandies, réalisées par l’artistebotaniste Didier Rousseau-Navarre.
Les jardins botaniques ont pour mission de constituer et conserver des collections de plantes vivantes. Ils collectent également des graines qu’ils stockent dans leurs graineteries et inventorient dans un document nommé Index seminum.
En effet, les échanges entres jardins botaniques français et internationaux se font avant tout sous forme de graines. Ce réseau d’échanges permet aux différents jardins d’enrichir et diversifier leurs collections de plantes.
La graine, c’est probablement la représentation sémantique la plus forte pour évoquer la vie. Dans la graine, c’est une plante vivante qui est toute entière contenue, c’est-à-dire les forêts, les champs, les paysages.
Qu’elles soient microscopiques ou parfois de taille impressionnante, comme le coco-fesse, les graines présentent des formes, couleurs, ornementations très variées qui leur donnent également une valeur esthétique incontestable. Elles utilisent des stratégies de dissémination étonnantes dans l’air, sur terre, comme dans l’eau.
Le tamis, outil de base du botaniste pour le tri des graines, est utilisé ici comme un élément de construction architecturale de l’espace du jardin. Accumulés et assemblés comme des cloisons à l’aspect de moucharabieh, les tamis offrent des transparences qui permettent de créer des plans successifs et de présenter des échantillons de graines à la façon de collections d’insectes.
Repère du festival : Ce jardin propose aux visiteurs de revivre l’expérience, issue du mythe grec d’Orphée, de la descente au Royaume des Enfers.
Cabinet de curiosités végétales, le jardin regorge, en effet, de cactées, trésors épineux qui n'échapperont pas aux yeux aguerris du collectionneur. Pour le contempler, le visiteur est amené à emprunter une passerelle en bois, vers une promenade « sans issue ». Un long chemin surélevé au centre du jardin fait front au visiteur, accueillant de part et d’autre une rive gauche et une rive droite, toutes deux bornées de plantes succulentes extraordinaires. Ce passage à travers le jardin est envisagé comme une expérience immersive : la pente ascendante devient un mirador, offrant un point de vue privilégié sur la Loire.
Repère du festival : Très recherché depuis l’antiquité, le bleu est synonyme de la rareté : essence céleste pour les pharaons, chemin transcendant de l’immortalité pour les Chinois et symbole de la puissance de l’église chez les Chrétiens représenté par la vêture bleue de la Vierge.
Longtemps, on a cherché des plantes donnant la couleur bleue, et deux d’entre elles, le pastel (Isatis tinctoria) et l’Indigotier (Indigofera tinctoria), sont cultivées depuis des milliers d’années. Le bleu, comme toutes les couleurs, peut varier de plusieurs manières : par sa tonalité, par sa saturation et par son intensité. Mais dans la nature on trouve plus de dérivés de bleu que de bleu absolu.
Le jardin propose un microcosme en relief (à l’image de la terre et de l’approche organique) à travers un dispositif de répétition et de superposition d’un même élément : les pots en terre cuite. Plusieurs centaines de pots sont posés les uns sur les autres créant ainsi un paysage architecturé, planté de multiples espèces de fleurs bleues (vivaces et graminées ornementales) de tonalités diverses créant ainsi un enchaînement graduel topographique et offrant une scène d'une grande poésie.
Repère du festival : « Le jardin du teinturier » est une invitation à découvrir un don souvent oublié des plantes, leur pouvoir colorant, dont le caractère écologique mérite le regain d’intérêt qu’il suscite aujourd’hui.
Le visiteur pénètre dans le domaine du teinturier et découvre une palette de coloris tout en nuances de tons naturels, évocation des tanneries de Marrakech. Le jardin surprendra le visiteur par les teintes obtenues par ces plantes d’un aspect commun qui bordent le chemin : les rouges de la garance, les bleus de l’indigo, les jaunes et bruns du genêt des teinturiers.
En s’avançant jusqu’au fond du jardin, la curiosité pousse le visiteur à explorer le laboratoire du teinturier qui révèle les secrets de cette alchimie : séchage, broyage, classification et stockage des parties aériennes ou des racines. Les carnets de notes dévoilent des recettes de coloration grâce aux pigments contenus dans leurs fleurs, leurs feuilles, leurs baies, leur bois ou leurs racines. Les échantillons de teintes révèlent les nuances subtiles obtenues selon les procédés employés.
Repère du festival : En collectionnant, l’homme poursuit l’idéal d’inventorier, ordonner et de maîtriser la nature. Les topiaires, summum de l’artificialisation du végétal, sont avant tout une collection de formes. Abandonnée par le jardinier, cette collection de plantes taillées résistera-t-elle à la colonisation spontanée des plantes pionnières ?
Ce jardin est tel un fantôme, gardant en lui les traces de la passion d’un jardinier collectionneur, créateur de topiaires géométriques aux formes simples et ludiques inspirées du design postmoderne italien. En l’absence du jardinier, la nature impose sa propre dynamique et bientôt ne subsistent que les structures métalliques qui ont servi de guide à la conduite des arbustes. Ces squelettes aux formes sculpturales abstraites se confrontent à la liberté des formes d’une végétation non domestiquée qui reprend le dessus…
Repère du festival : La légende dit qu'Eve aurait rapporté du paradis un trèfle à 4 feuilles, diffusant sur la terre cette espèce rarissime. Les Grecs le considéraient comme un poison, les Romains comme un remède contre les morsures de serpent. Pour les druides, posséder un de ces trèfles conférait le don de percevoir la présence de démons... A travers les siècles, le trèfle à quatre feuilles n’a cessé d’alimenter les croyances et les mythes, successivement paré de tous les vices et de toutes les vertus. Aujourd'hui, ce mutant porterait bonheur. N'avez-vous jamais passé une heure à fouiller un carré d'herbe dans l'espoir d'y trouver ce précieux trèfle qui vous apporterait, à n'en point douter, richesse, amour, santé et prospérité ?
« Porte-bonheur » met doublement le trèfle à l'honneur en révélant toute la richesse et la diversité de l'espèce. Une collection de trèfles à 4 feuilles cueillis aux quatre coins du monde est présentée sous cadre, à la manière d'un herbier précieux, tandis qu'une collection botanique, celle que nous offre la nature, s'expose en un parterre coloré. Méfiance cependant, car s'il y a bien sûr les trèfles « officiels » (Trifolium repens, Trifolium incarna...), il y a aussi les imposteurs, ceux qui leur ressemblent à s’y méprendre, mais n’en sont que de pâles copies (Oxalis tetraphylla, Menyantes trifoliat…). Saurez-vous faire la différence ? Immergés dans cette collection, peut-être aurez-vous la chance, vous aussi, de dénicher un trèfle à quatre feuilles.
Repère du festival : La rareté se mange-t-elle ou est-elle faite pour être vue ? C’est le parti pris de ce jardin qui nous fait entrer dans un univers appétissant. Composé uniquement de plantes comestibles, il donne à voir une collection et offre une association originale de végétaux. Il est l’occasion de découvrir des variétés oubliées, mais également de les observer sous un autre angle. Connaissez-vous la racine du salsifis, du radis, ou encore celle du topinambour ? Mais savez-vous à quoi ressemblent ces plantes ? Savez-vous comment elles fleurissent ?
Passez le sas, et immergez-vous dans un jardin façonné par l’homme où l’expression des plantes est laissée libre. La trame orthogonale au sol, les tables de cultures et la structure, relique abandonnée d’une ancienne serre, révèlent cet espace géré par l’homme. C’est un ancien laboratoire d’étude des végétaux vivriers, ancien car les légumes ont décidé de s’échapper, de reprendre leur liberté, et de réinvestir ce lieu. D’un côté, il expose une production en laboratoire, qui présente la multiplication et l’amélioration des espèces. De l’autre, les végétaux s’épanouissent et révèlent leurs possibles. Les haricots, pois et houblons devenus dissidents, se dressent pour s’emparer de la structure. L’aneth et les courges prospèrent à outrance et envahissent peu à peu le jardin. Les moutardes, chicorées, salsifis et radis se propagent et s’entremêlent pour exposer leurs floraisons. Les cardes y exhibent leurs couleurs flamboyantes, les physalis leurs fruits originaux, et les artichauts leurs majestueuses silhouettes. Tous ces végétaux défilent en collection et façonnent le jardin. Les plantes s’y développent afin de nous montrer certaines de leurs caractéristiques trop ignorées. La rareté ne serait-elle pas là ?
Repère du festival : Les Cabinets des curiosités végétales mettent en scène une collection extraordinaire dans un jardin d’exception. Il cherche à dépasser son but premier de compilation en confrontant le visiteur aux objets collectionnés.
Dès le premier coup d’œil, ce jardin clos suscite la curiosité. Ce lieu fermé offre un endroit unique et protecteur à la collection qu’il accueille, renvoyant le visiteur à son imagination et à son désir de découverte. Il est ainsi amené à s’y introduire et découvrir pas à pas le trésor que renferme ce lieu, une collection de palmiers aussi rare qu’inédite.
Ce jardin s’articule autour d’une structure qui génère un lieu modulaire et modulable pouvant être adapté et modifié en fonction des objets collectionnés. Cette idée renvoie au fait qu’une collection n’est jamais véritablement achevée. Elle n’a de cesse de grandir et d’accueillir de nouvelles trouvailles. Cette structure crée différents espaces appelés cabinets. On en dénombre 12. Un palmier est placé au centre de chaque pièce, à la manière d’une œuvre d’art dans un musée. Ainsi s’instaure « un tête à tête » entre les deux. Cette mise en scène, presque solennelle de l’objet, propose à son visiteur un lieu extraordinaire, de par son côté insolite et exceptionnel, de découverte, de contemplation et d’apprentissage. Tout au long de son parcours, le visiteur pourra, à sa convenance passer d’une « chambre » à une autre, prenant conscience de la diversité et de la richesse de cette collection.
Le jardin du “Conservatoire des Collections Végétales Spécialisées” (CCVS)
Repère du festival : En cette année de célébration des collections végétales, le lien avec les Collections Végétales Nationales était une évidence.
C’est à travers la Collection Nationale des Bougainvilliers que se manifeste ce lien privilégié initié sous l’égide de Frédéric Pautz, directeur du jardin botanique de Lyon et vice-président des CCVS. Le thème « jardins de collection » a rapproché le Festival International des Jardins de pépiniéristes et d’obtenteurs de renom qui mettront en évidence la qualité et la diversité extrême de leurs collections. C’est la collection nationale des bougainvilliers qui représentera les CCVS avec les établissements du Cannebeth, qui possèdent et présentent, en outre, une extraordinaire collection de lantanas.
Repère du festival : Ce jardin-musée donne au visiteur l'impression de pénétrer dans un enclos privé. Comme Alice, il s’aventure dans ce jardin, sans trop savoir ce qu'il y a derrière et aboutit dans un endroit où le propriétaire des lieux semble être absent...
Tout semble indiquer que ce dernier laisse les herbes être folles et les végétaux se développer librement.
Puis dans le fond du jardin, apparaît une architecture qui ressemble à celle d'un musée, et surgit un grand mur avec des tableaux accrochés et une entrée indiquant la « suite de la visite »...
Les peintures sont très vives et composées, en contraste avec la première partie du jardin.
S’agit-il du jardin secret d'un collectionneur de tableaux ?
Est-ce un musée dans lequel la nature aurait pris le dessus ?
Puis soudain, il apparaît que cette exposition de tableaux n'est pas comme les autres. En effet, certains sujets disparaissent d'un cadrage et réapparaissent dans un autre. En fait, ce ne sont pas des tableaux qui sont accrochés au mur, mais de grands miroirs légèrement inclinés… Et le contenu de ces tableaux-miroirs n'est autre que le reflet du jardin et de ses massifs -un massif qui n’est pas vu directement, car caché par la prairie de graminées du premier plan.
Repère du festival : A l'occasion de l'anniversaire de la création de l'école Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage de Blois, l'école et ses étudiants ont été invités par le Domaine à présenter un projet sur le thème des collections.
Dans un premier temps, l’homme fut fasciné par le monde végétal qui l’entourait. Chaque nouvelle découverte se voyait attribuer un nouveau nom. Mais très vite les plantes se firent très nombreuses et il devenait très courant de les confondre : la diversité est telle que certaines sont presque identiques. La première solution que les botanistes trouvèrent fut la conservation et le classement des essences. Ils collectaient un échantillon de chaque plante qu’ils classaient par catégories qu’ils appelèrent « famille », « genre » et « espèce ». Chaque échantillon était soigneusement séché et très souvent dessiné en détails.
Le but étant de posséder le plus beau spécimen, l’Homme commença ensuite à domestiquer les végétaux. Il ne garda que les meilleurs. à chaque nouvelle génération les graines les plus prometteuses donnaient naissance aux plants les plus vigoureux et ainsi de suite...
Le botaniste nommé Mendel fit l’extraordinaire découverte de la génétique à la fin du XIXᵉᵐᵉ siècle en mettant en évidence l’existence de caractères héréditaires chez les plantes qu’il est possible de combiner : c’est l’hybridation.
Les botanistes, scientifiques et chercheurs à la fois deviennent rapidement des experts en la matière. Ils récupèrent dans leur large collection de plantes naturelles les spécimens qui les intéressent puis les croisent et attendent le résultat... Les jeunes plants sont soigneusement rangés dans les étagères du laboratoire que l’on peut qualifier de phytothèque jusqu’à ce que parfois, on obtienne une feuillaison ou une floraison extraordinaire !
C’est à cette découverte jubilatoire qu'invite ce jardin, à un pas seulement des plantes naturelles à l’origine de ces extraordinaires hybridations.
Repère du festival : Ce jardin est une jungle, avec une végétation abondante qui rappelle la luxuriance tropicale et le mystère qui a souvent été exprimé dans les représentations exotiques de la jungle équatoriale du Douanier Rousseau, entre le caché et le visible, l’inoffensif et le dangereux, le sombre et le coloré, le réel et l’imaginaire.
Le « Jardin sauvage » se caractérise par des espèces végétales qui poussent en hauteur, ce qui laisse la place, au sol, à un sous-étage d’espèces compagnonnes et à des couleurs qui apprécient l’ombre. C’est ce dense mélange de végétation luxuriante à plusieurs étages qui crée cette impression d’oasis privée, où l’on peut échapper au soleil et laisser son esprit vagabonder dans la jungle.
Le jardin a été conçu pour montrer la diversité, et en effet, chacun de ses recoins recèle quelque chose de différent : la forme et la taille des feuilles, la texture des troncs, les associations de plantes, les reflets dans l’eau et sur les feuilles, les couleurs et les odeurs. Associée à des sculptures végétales protubérantes, à des plans d’eau tortueux, à des cages en treillis et à diverses espèces végétales rares, parmi lesquelles quelques plantes carnivores, c’est cette riche collection qui donne toute son extravagance au jardin. Les enfants adorent y partir à l’aventure, regarder les rayons de soleil danser sur les feuilles brillantes, écouter le bruissement du vent dans les plantes, découvrir la jungle.
Repère du festival : Bienvenue dans le monde onirique des mousses !
Scientifiquement appelées « Bryophytes », elles composent un règne végétal fortement ignoré dans nos contrées. Souvent considérées comme les ennemies de nos pelouses, elles sont la hantise du jardinier, qui multiplie les ruses pour les chasser hors du jardin. Il ne faudrait pas, tout de même, qu’elle nuise à la divinité pelouse !
Bien que remarquables par leur minimalisme et leur plasticité, les bryophytes sont très peu connues du grand public, présentant pourtant une diversité de textures et de couleurs incroyables. À la manière des jardins japonais, comme celui de Kokedera à Kyoto, ce jardin présente une collection extraordinaire des plus belles mousses et fougères de France.
Ses micro-paysages originels nous rappellent que les mousses sont d’avant le temps des hommes, mais aussi celui des arbres, des fleurs, des fougères et des forêts de prêles géantes, il y a trois cents millions d’années.
L’omniprésence du vert qui nimbe le sol et emporte le regard, vous plongera dans un état de rêve et de silence, où les sons eux-mêmes, comme atténués ou disparus, feront apparaître dans une remarquable clarté le chant des oiseaux et le bruissement des filets d’eau glissant sur la cascade.
Repère du festival : Située dans l'espace du Festival International des Jardins, cette serre aux formes résolument contemporaines présente une collection de « Victoria d'Amazonie » ou nénuphars géants.
Pour se développer sous notre latitude, cette plante spectaculaire, dont les feuilles peuvent atteindre jusqu'à 3 mètres de diamètre, a impérativement besoin d'une serre chaude avec un bon ensoleillement. De forme ronde, les feuilles sont redressées sur le contour et montrent un envers pourpre avec de longues épines. La dimension des feuilles est proportionnelle à la profondeur de plantation. En été, des fleurs blanches ou roses apparaissent et fanent au bout de quelques heures après avoir été pollinisées par un petit coléoptère.
Ce jardin a été réalisé par les jardiniers du Domaine de Chaumont-sur-Loire.
Repère du festival : Philéas, herboriste voyageur, a rapporté de ses aventures toutes les plantes et fleurs qu’il a pu croiser. Pour cet exalté, elles sont trésors. Prestigieuses, rares ou ordinaires, elles ont toutes la même valeur.
La verrière devient cabinet de curiosité : vieux outils, livres d’herboristerie, cloches s’entassent sur des étagères brinquebalantes et côtoient ses découvertes végétales. Fleurs et boutures forment un décor qu’il a savamment mis en scène.
Cette profusion témoigne d’une personnalité farfelue, romanesque et néanmoins passionnée. Ses plantes méritent le regard et les regards.
Connaisseurs ou néophytes s’y promènent autour du cœur de ce jardin et ne résistent pas à la tentation d'entrer dans la verrière.
Repère du festival : « Le Bushveld africain peut apparaître comme un environnement chaud, sec et hostile aux yeux d'un étranger, mais Mère Afrique pourvoit toujours aux besoins de ses enfants : le Bushveld de l'est de l'Afrique regorge de plantes, d'insectes et d'animaux de toutes sortes qui fournissent la nourriture nécessaire à la survie dans ce milieu, des fruits riches et onctueux du grand Baobab aux baies sucrées et juteuses de Carissa (Noem-noem), sans oublier les termites pour les protéines et l'ail sauvage pour la médecine. Tout est là, autour de vous, il suffit de bien regarder. Ce jardin présente une collection de plantes issues du Bushveld de l'est de l'Afrique qui s'utilisent et jouent un rôle essentiel dans la vie quotidienne. En Afrique, on aime partager les événements ensemble autour de mets copieux et en chanson, et le grand symbole africain de la sagesse, le Baobab, est un point de rassemblement sous lequel prennent place ces fêtes ou ces repas. Les masques colorés représentent les habitants des différents villages qui convergent, ensemble, en direction du grand Baobab pour prendre part aux festivités et danser. Il n'y a véritablement rien de tel que l'Afrique... » Leon Kluge.
Repère du festival : D’étranges menhirs apparaissent dans ce jardin. Le visiteur divague entre les abysses et le ciel. Il perd ses repères. Des plumes le caressent et les conifères sortent de l’oubli. Entrez dans notre conisphère.
Le visiteur découvre alors les conifères autrement et contemple des curiosités botaniques, des textures étonnantes, algues, mousses, aiguilles ou écailles. Il observe alors l’architecture de conifères précieux, des découvertes récentes tel le « wollemia nobilis », des spécimens de collections privées, des variétés non identifiées, mais aussi de subtiles floraisons, de jeunes pousses, des cônes délicats et des perles rares.
Leurs silhouettes viennent contraster avec la douceur des graminées. Les nuances de vert s’épousent, le vert anis se confronte au vert profond, le vert bleuté au vert tendre et les fleurs se transforment en elfes. Songe ou réalité ?
C’est un autre regard sur les pinophytes, une nouvelle association, conifères et graminées, esthétiques et rustiques, peu exigeants en eau, une alliance végétale pour des jardins plus responsables.
Repère du festival : Sur le tarmac d'un aéroport, des caisses en provenance des quatre coins de la planète, considérées comme objets perdus, ont été stockées sur de grandes étagères par le personnel. Egarés par leur propriétaire, les coffres de bois ont été empilés les uns au-dessus des autres, puis ont vite été oubliés dans ce coin ombragé. Les plantes qu’ils contenaient se sont peu à peu développées.
Ce jardin présente une collection de fougères installée au centre du jardin sur des étagères de type industriel. Le visiteur est invité à déambuler dans un labyrinthe, sur une plateforme, dans une ambiance de marécage. Un système d’ombrière recrée le milieu naturel d’origine de cette strate végétale. Des matériaux de natures et de formes variées (toile tendue, platelage bois, grille en métal, tôle ondulée, arbres à feuillage léger…) font naître une diversité de jeux d’ombres et de lumière. Les effets de clairobscur font de la lumière le fil conducteur de ce jardin soudainement improvisé.
La collection présentée est constituée de quelque 250 fougères botaniques provenant de collections et de pépinières spécialisées.
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(installation 2015)
Une œuvre insolite, clin-d'œil à la protection de l'environnement,
l'arbre recouvert de sa cuirasse, brave les assauts de l'homme.
(installation 2015)
Des colosses de bois, une œuvre monumentale impressionnante
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Ce jardin a été réalisé par les jardiniers du Domaine de Chaumont-sur-Loire. (installation 2015)
Ce jardin nous entraîne dans une poétique rêverie orientale.
(installation 2013)
Ce jardin pluvial, "Carré & Rond", signifiant "Terre et Ciel", est
une réinterprétation contemporaine des Jardins Traditionnels Chinois
(installation 2012)
Ce jardin évolue depuis sa création au cours des ans,
d’autres scènes et facettes viennent régulièrement l’enrichir.
(installation 2014)
Cette impressionnante spirale semble aspirer quelques secrets du Parc
(installation 2013)
Enceinte de verre secrète, sacrée, où nul ne peut pénétrer,
et où la végétation se développe librement.
(installation septembre 2013)
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Domaine de Chaumont-sur-Loire
41150 Chaumont-sur-Loire
Tél. : 02 54 20 99 22
Fax : 02 54 20 99 24
www.domaine-chaumont.fr/
Pour la deuxième fois depuis sa création, le Festival International des Jardins a décerné 4 prix et en a même ajouté un 5ème cette année avec le prix spécial du jury. Ces distinctions récompensent de jeunes et talentueux concepteurs et créateurs des jardins du futur.
Début juillet, le jury, composé d’artistes, de paysagistes, de journalistes, de critiques d’art, de pépiniéristes et de jardiniers, a pris en considération l’originalité de la création, la qualité, l’harmonie végétale des différents jardins et la possibilité pour un jardinier amateur de réaliser chez lui un tel jardin.
- Le « Prix de la Création » récompense le travail de Solène Ortoli du jardin « Réflexion d’un collectionneur ».
- Le « Prix Design et idées novatrices » récompense le travail de l’équipe de concepteurs du jardin « Collectionneur de l’ombre », composée de Antoine Ruellan et Yves Philippot.
- Le « Prix Palette et harmonie végétales » récompense le travail de l’équipe de concepteurs du « Jardin, Phileas », composée de Laure Lemetayer, Anaïs Leveneur, Karen Geffray, Benoît Coquillard et Thibault Baudet.
- Le « Prix Jardin transposable » récompense le travail de l’équipe de concepteurs du « Jardin, Suspensions climatiques » composée de Swan Cazaux et Claire Dematos.
- Le « Prix spécial du jury » a été décerné au jardin « Silence ! Ça mousse… », créé par Chloé Ricou, Agathe Le Mire et Florian Dubos.
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