Noël en Provence dans la Cathédrale d'Orléans
du 28 novembre 2015 au 10 Janvier 2016
C'est une création originale proposée par deux artistes, Anne et Karl Blanchet, passionnés de santons et amoureux de la Provence qui parcourent l'Europe pour vous faire partager leur univers empreint de poésie.
Dès le seuil de cette exposition franchi, le chant des cigales vous plonge immédiatement dans l'atmosphère : Scènes de village et de campagne se succèdent… Un décor fleurant bon le thym et la lavande, où 300 santons et automates font revivre, du haut de leurs 30 cm, les traditions de Noël et la vie rurale d'autrefois.
Une réaIisation gigantesque et minutieuse sur 250 m² avec des maisons à l'échelle 1/6ᵉ atteignant jusqu'à 1m 50 de haut, 10.000 tuiles en argile moulées sur le doigt pour couvrir les toitures, une tonne de sable et une tonne de cailloux, 10 m³ de végétation naturelle… Des effets sonores, olfactifs et visuels (le souffle du mistral, le chant des cigales, le parfum de la garrigue,..), pour vous transporter au coeur de la Provence.
C'est toute la magie de Noël qui s'invite dans le chœur de la Cathédrale d'Orléans avec cette fantastique reconstitution de la Provence du XIXᵉ siècle.
Les santons de 30 cm en argile sculptée sont vêtus en habits traditionnels du XIXᵉ siècle
L'apparition du premier santon remonte à la révolution française. Les églises étant fermées, Jean-Louis Lagnel, provençal, eut l'idée de fabriquer en argile des petits personnages qu'il vendit sur les marchés afin que les villageois puissent se constituer une crèche chez eux, dans leur maison.
Ainsi naquit la santon, du provençal "santoùn", qui veut dire "Petit Saint".
Ici, les femmes papotent (comme d'habitude) et là, les hommes jouent à la pétanque...
Monsieur le curé est de sortie dans le village
Scènes quotidiennes villageoises dans les rues...
Le climat a marqué profondément l'habitat provençal, ainsi pour lutter contre le soleil, les fenêtres des maisons côté sud sont étroites et peu nombreuses.
Afin de ne pas donner prise au mistral - ce vent venant des terres - les façades exposées au nord ne comportent très souvent aucune ouverture.
Pour éviter le ruissellement de l'eau sur les murs, les maisons possédaient souvent une génoise sous la toiture. Apparut au XVIIIᵉ siècle avec les maçonneries italiennens, la génoise est formée de 1 à 4 rangées de tuiles, suivant la hauteur de la maison. Outre son utilité contre le ruissellement de l'eau, elle apportait une certaine élégance à la façade et devint rapidement un signe extérieur de richesse.
...et jusqu'à l'intérieur des maisons...
La place du marché en pleine effervescence...
La partie de cartes aux expressions rappelant les récits de Pagnol
"Tu me fends le cœur, j'ai le cœur fendu par toi...!"
Des évocations de métiers dont certains n'existent plus de nos jours...
Le forgeron occupait une place essentielle dans une économie basée sur l'agriculture.
Les paysans avaient souvent recours à ses services pour la taille des lames de leur outillage.
Des scènes de campagne typiques du XIXᵉ siècle
Cette pratique, appelée couramment la transhumance, était utilisée par tous les propriétaires de moutons.
Après la tonte des bêtes en avril, se prépare le grand départ en direction des alpages; les propriétaires marquent leurs bêtes de l'initiale de leur nom ou de celui du berger, afin de les reconnaître au retour; puis, les troupeaux sont réunis totalisant de 6000 à 25000 têtes.
Avant d'entreprendre la longue marche, plusieurs classifications sont faites :
- Par espèce, sexe et âge
- Au sein d'une même espèce en groupes de 1600 à 2400 bêtes: Ce sont les "scabois".
- Les "scabois" eux mêmes subdivisés en "bastoun d'avé" de 400 têtes environs dirigés par un berger et un chien.
La bergerie et le départ en transhumance...
Une fois ce travail terminé, la caravane peut se mettre en route mais selon un ordre strict : en tête, les ânes chargés de banastres contenant les effets, les provisions, les poules, suivis des chèvres, "la cabrairo", ouvreuses de chemin dans la neige fondue, puis des boucs meneurs de troupeaux surnommés "les menaires", et enfin "des floucas", moutons dociles et bêlant, les plus faibles placés devant et ce, jusqu'aux plus forts. La marche dure de 20 à 30 jours.
Fin septembre, les annougés - agneaux d'un an - redescendent vers le sud pour ne pas souffrir du froid ainsi que les chèvres et les moutons qui seront vendus aux foires. Par contre, le départ des brebis et des béliers, plus aptes à résister au froid, est retardé au maximum.
Cette pratique ce rarifia vers la fin du XIXᵉ siècle sous la pression des économistes et agronomes qui la tenait pour responsable du déboisement des forêts. Cette erreur de jugement ne fut reconnue que beaucoup plus tard... Mais de nos jours, bon nombre de troupeaux de moutons reprennent vers la fin du printemps le chemin des alpages.
Ceux qu'on appelle aujourd'hui les gens du voyage
La scène de la Nativité avec la crèche et ses classiques personnages
Extrait de "Noël en Provence" (1906)
(Mémoires et récits de Frédéric Mistral)
Fidèle aux anciens usages, pour mon père, la grande fête, c'était la veillée de Noël. Ce jour-la, les laboureurs dételaient de bonne heure; ma mère leur donnait à chacun, dans une serviette, une belle galette à l'huile, une rouelle de nougat, une jointée de figues sèches, un fromage du troupeau, une salade de céleri et une bouteille de vin cuit. Et qui de-ci, et qui de-là, les serviteurs s'en allaient, pour « poser la bûche au feu », dans leur pays et dans leur maison. Au Mas ne demeuraient que les quelques pauvres hères qui n'avaient pas de famille; et, parfois des parents, quelque vieux garçon, par exemple, arrivaient à la nuit, en disant : « Bonnes fêtes ! Nous venons poser, cousins, la bûche au feu, avec vous autres. »
"Tous ensemble, nous allons chercher la « bûche de Noël», qui - c'était la tradition - devait être un arbre fruitier. Nous l'apportions dans le mas, tous à la file, le plus âgé la tenant d'un bout, moi le dernier-né, de l'autre; trois fois, nous lui faisions faire le tour de la cuisine; puis, arrivés devant la dalle du foyer, mon père solennellement, répandait sur la bûche un verre de vin cuit, en disant :
"Allegresse ! Allégresse !
Mes beaux enfants, que Dieu nous comble d'allégresse !
Avec Noël, tout bien vient :
Dieu nous fasse grâce de voir l'année prochaine.
Et, sinon plus nombreux, puissions-nous n'y pas être moins."
Et nous écriant tous : "Allégresse ! Allégresse ! Allégresse !, on posait l'arbre sur les landiers et dès que s'élançait la première flamme :
"A la bûche,
Boute feu !"
disait mon père en se signant. Et tous, nous nous mettions à table.
Celle-ci était traditionnellement recouverte de 3 nappes et de 3 chandeliers en rappel de la Sainte-Trinité. A la fin du réveillon étaient servis les 13 desserts de Noël.
Le nombre 13 en souvenir de la Cène réunissant Jésus et ses douze apôtres : On y trouvait des figues, des noisettes, des raisins secs, des amandes, des dattes, des noix, des mandarines, des pommes, des poires d'hiver, des melons verts, du nougat blanc et noir et la pompe à huile, le gâteau traditionnel de Noël, une sorte de fougasse sucrée et parfumée à l'eau de fleur d'oranger qui se dégustait trempé dans du vin cuit.
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