L'éloge d'une passion : le vol à voile
"Faire par intelligence ce que l'oiseau fait par instinct"
En hommage à Claude (Août 1950 - Octobre 2011)
L'éloge d'une passion: le vol à voile by Le JardinOscope
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1ᵉʳ novembre 2010 : New Wave
(texte Claude Dielenseger)
"Novembre, l'onde nouvelle est enfin arrivée
Après une belle semaine teintée de couleurs exceptionnelles, en voilà une autre entièrement cyclonique. Le vent du grand large s'est levé, faisant tomber les feuilles privées de leur chlorophylle et présentant une sublime palette de teintes aquarelles allant du jaune carotène au rouge anthocyane, en passant par tous les dégradés de la gamme orangé-pourpre.
Ainsi s’est mise en place l’onde d’Alsace et les jeunes comme les plus anciens ont pu dominer la chaîne des Alpes à des altitudes flirtant les 4000 mètres.
Quel régal pour nos yeux, ces différentes couches de lenticulaires, avec leur multiples reflets irisés voilant notre astre solaire en filigrane.
Merveilleux de se balader en silence à ces altitudes, en admirant toutes les nuances de blanc et de gris de ces assiettes de nuages empilées et le bleu du ciel que sillonnent les Airbus et autre Jumbolino.
On contourne allègrement des nuelles flottantes et moutonnant isolément. Dommage, le trou de Foehn, se met à respirer et on pense à descendre par sécurité à son niveau, quand par miracle, il se rouvre et on peut reprendre notre échelle du ciel, le soleil dans les yeux pour affiner le bronzage du bout de notre nez.
Mais déjà des lumières s'allument tout en bas; c'est féerique, les multitudes de chenilles serpentant entre des grappes de lucioles oranges, ce sont évidemment les phares des voitures sur le contournement des villages.
C'est comme un conte de fée, qui se termine à 17 h30, quelques minutes avant la nuit aéro.
Comblés par le plaisir des altitudes, nous savourons avec délice, le retour sur le plancher des vaches, tout en restant sur notre petit nuage en contemplant les anges faisant rôtir leur petite brioche rose ………."
Le Vol à voile par Claude Dielenseger
Me rendant compte que peu de personnes connaissent ce sport peu médiatisé, je vous livre quelques réflexions et quelques belles images de ce sport, qui est devenu ma passion préférée. Ce sport est pratiqué avec un planeur. Sans moteur et volant grâce à la seule gravité, un planeur descend toujours, pour ne pas "tomber" il doit voler dans une masse d'air ascendante plus forte que son taux de chute propre.
Il existe plusieurs techniques, en voilà deux :
Le thermique : Le soleil chauffe la terre qui réchauffe l'air à son contact direct; une bulle plus chaude que l'air ambiant (l'air est mauvais conducteur) se décolle et grimpe jusqu'à ce que sa température égale celle de l'atmosphère. En général, c'est aussi l'altitude où la vapeur d'eau se condense en formant un nuage (cumulus). La technique consiste à voler de nuage en nuage; les records sont de plusieurs milliers de kilomètres en Australie, Afrique,... En Alsace, suivant la météo, on parcourt des circuits entre 100 et 800 km.
Source des dessins : www.planeur-colmar.netL'onde de ressaut : Le vent arrivant presque perpendiculairement à une longue chaîne de montagne, est obligé de passer par dessus et il s'en suit un phénomène ondulatoire, ressemblant aux petites vagues de l'eau après le jet d'une pierre. Sous le vent de la montagne (derrière), le vent descend et la compression provoquant de la chaleur, les nuages disparaissent (trou de Foehn); ensuite, cet air laminaire remonte et donc se refroidit : la condensation provoque la formation d'un nuage (strato-cumulus). Ainsi de suite et sur de grandes distances, on peut donc admirer ainsi dans le ciel, de nombreux empilements de nuages en forme d'assiettes, nommés "lenticulaires". La technique consiste à voler "devant les nuages" où ça monte comme dans un ascenseur, souvent presque face au vent; mais on peut aussi changer de "ressaut" (vague) ou voler le long du bord d'attaque des nuages à plus de 200Km/h sur des milliers de Km, comme dans les Andes... En Alsace, le record est presque de 10 000 m d'altitude; personnellement, je suis monté à plus de 6700m (avec l'oxygène bien sûr), c'est à dire moins de la moitié du record mondial (14800m).
Dans ce ciel pur, au-dessus des nuages, on se sent libre et serein, c'est fantastique, mais attention aux avions de ligne!
Source des dessins : www.planeur-colmar.netC'est merveilleux : sans moteur, en silence et avec l'énergie naturelle des éléments, l'homme essaie de faire par intelligence, ce que l'oiseau fait par instinct.
Article écrit par Claude en Novembre 2006.